14/01/2007

Armistice




Cahier de poésies couvrant la période du 29 février 1916 au 24 août 1929
Blanche HUREL (1850-1931)

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Lorsque je pressentais, que bientôt notre France,

Allait voir terminer, ses tourments, sa souffrance,
Je ne soupçonnais pas, que son glorieux destin,

Dès l'aube, éclaterait, un si proche matin,
Le Tout-Puissant ayant, à si courte échéance,
Du monarque félon, fixé la déchéance,
Comme un fragile jouet, brisant cet orgueilleux,
Qui voulait l'égaler et régner en tous lieux!....
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Par ce coup imprévu, plus prompt que le tonnerre,
La Divine Justice a transformé la terre :

Chacun va recueillir le fruit de son effort,
Selon l'oeuvre accomplie, ou voir sombrer au port,
Le bateau surchargé du poids de ses rapines,
Et s'effondrer le trône assis sur trop de ruines.
"Les combats sont finis!! Retrouvez la fierté!
"Chers Proscrits, chers Captifs, voici la liberté!!!"
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L'ordre, longtemps perdu, quand la paix va renaître,
Ramènera pour tous, le calme et le bien-être,
Que nous croyions, hélas! Ne plus jamais revoir,
Malgré, qu'au fond du coeur, nous conservions l'espoir,
Que de nos défenseurs, l'héroïque constance,
Récolterait, un jour, sa juste récompense.
L'heure en vient de sonner : affolé de bonheur,

Le peuple les acclame et chante en leur honneur,
Tandis que le canon, cause de tant de larmes,
Proclame à grand fracas, la fin de nos alarmes,
Et que, de tous clochers, les carillons joyeux,
Invitent les croyants, à rendre grâce aux Cieux.
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Cet appel entendu, tout un flot de fidèles,
D'un élan spontané semblant trouver des ailes,
Vole au Temple, exhaler un immense concert.
Et moi, qui du péril, par Vous, fus à couvert,
Coeur Sacré de Jésus, quand Vous sauvez le monde,
Mon être, tout secoué, d'une émotion profonde,
N'a plus de souffle, assez, pour louer vos grandeurs,
Et pour Vous remercier, ne trouve que des pleurs!....
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Je partage pourtant l'unanime allégresse
Qui déborde des coeurs, soudain pleins de tendresse,
Et Vous bénis, Seigneur, vouant mes derniers jours,
Dans ma reconnaissance, à Vous bénir toujours,
Mais, cinquante-deux mois, passés sous les tempêtes,
Sans cesse rejetés, des succès aux défaites,
Nous ont déshabitués, de nous sentir heureux,
Et, c'est timidement, qu'on ose être joyeux....
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à la folle gaïté, Paris pourtant s'adonne,
En pareille occasion, vraiment cela détonne!
Ne vaudrait-il pas mieux, moins de nervosité,
Et dans ce grand bonheur, garder la dignité?
Quatre ans nous ont marqués, d'empreintes si cruelles,
Que nous en garderont des traces éternelles,
Chaque famille ayant fermé plus d'un cercueil;
Modérez vos transports, respectez leur grand deuil!!.....
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De nos héros tombés, si remplie est la liste,
Que l'on ne peut songer, que d'une âme fort triste,
Que la victoire acquise, au prix de leur trépas,
Et le triomphe actuel, ils ne les voyent pas!
Quand leurs frères vivants, sont fêtés, pleins de gloire,
N'allons pas négliger, leur précieuse mémoire!
Dressons leur, au plus tôt, quelque pieux monument,
Durable attestation de leur grand dévoûment,
D'âge en âge, enseignant leur conduite sublime,
Digne d'admiration et des honneurs ultimes ;
Surtout, obtenons leur, par des voeux solennels,
Leur prompte inrtoduction, aux Parvis Eternels!!....
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Que le Dieu très-Clément, doux Maître qui pardonne,
à qui rien n'est caché, leur donne la couronne,
Que leur foi, leur martyre ont su leur mériter!.....
Celle que, sur leur tombe, il nous faut leur porter,
Comme tout, ici-bas, est frèle et corruptible,
Celle reçue au Ciel, est sainte, indestructible,
Et confère, aux Elus, un très puissant pouvoir :

Ils veilleront sur nous, caressons en l'espoir!....
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Ils combatteront encor, pour le Patrie aimée,
Où leur sang fit germer, une invincible armée ;
Aux fondements précis, de la Paix de demain,
Leurs bataillons sacrés, voudront mettre la main!!...
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"Louons tout artisan, de la Grande Victoire,
"Mais aux Grands Disparus, surtout honneur et gloire!!..."
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(11-17, Novembre 1918)

Première photo en haut (Sce wikipedia)
:
Cette photographie est prise dans la forêt de Compiègne, au pied du wagon-salon du train de Foch où vient d'être signé l'armistice. Ce wagon fut réquisitionné auprès de la compagnie Compagnie Internationale des Wagons-Lits afin d'être affecté au train de l'état-major. Le maréchal Foch est au premier plan, second sur la droite, entouré par les deux amiraux britanniques Hope et Rosslyn Wemyss.

Deuxième photo : Guerre 1914-1918. Fête de l'Armistice, place de la Concorde, par Paul Seguin-Bertault (1869-?). Paris, Musée Carnavalet. RVB-02032

Dernière photo (Source : http://vannes1418.canalblog.com)

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