06/06/2015

F comme... Fin #Challenge AZ


Il est d'usage en matière de généalogie de finir ses articles en précisant que de toute façon, la généalogie est une passion sans fin, que nos recherches ne peuvent connaitre de conclusion, qu'il y aura toujours quelque chose à trouver, ajouter, retrancher, vérifier, corriger, et bla, bla, bla....

C'est certain, de même que "la Création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement" (Romains 8, 22), il y aura toujours de nouveaux descendants à ajouter, de nouveaux ancêtres à découvrir, etc.

Cet état de fait nous jette finalement dans un maelstrom éternel dont nous savons dès le départ que nous ne pouvons sortir victorieux : jamais nous ne pourrons "finir" notre oeuvre, jamais nous ne pourrons avoir "fait notre généalogie" (encore qu'en y réfléchissant, "faire" sa généalogie pourrait nous poser qq pb d'Oedipe...)

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, cette quête infinie me laisse une légère sensation de malaise, ce qui pourrait sembler une immense liberté apporte en même temps la certitude du chagrin de ne jamais pouvoir atteindre notre but.


Pour cela, il me semble nécessaire de déterminer un cadre à nos recherches. Définir un but accessible, s'y tenir, travailler à la conclusion du projet en plus de nous protéger du vertige, aide à ne pas se perdre dans des recherches tous azimuts.
Certains généalogistes travaillent déjà en ce sens, dans le but de réaliser la monographie de leur village ou de réunir une cousinade).

Pour ma part, j'ai défini comme étapes :
  • Trouver "tous" les ancêtres jusqu'à la 10ème génération sur mes 3 généalogies (oui, j'en ai 3....), je reprends d'ailleurs les recherches de zéro dans ce but afin d'éliminer le maximum d'erreurs.
  • Prolonger jusqu'à la 13ème si cela semble accessible. Sinon passer à l'étape 3.
  • Chercher les descendants des AAGP de ces 3 généalogies.
  • Réaliser un bel arbre triple.
  • Rassembler le résultat de ces recherches dans ouvrage à partager dans la famille.

Ces étapes n'ont rien de très original, mais elles fixent des limites pour ne pas se perdre. Elles fixent aussi une fin, un moment où je pourrai (même en versant une larme) me dire "C'est fini!".
Bien sur rien ne m'empêchera de continuer par la suite, ni de définir de nouveaux objectifs, pourquoi pas. Mais peut-être que ce sera le moment de passer la main, de laisser la suite des recherches à d'autres et d'occuper mon temps libre à autre chose. 

Parce que nos ancêtres ne nous appartiennent pas, parce que  d'autres générations suivront, il serait bon après avoir accepté la mission d'historien de notre famille, de ne pas cannibaliser cette position. Il serait bon donc, de susciter des vocations afin que le travail se poursuive, autrement sans doute, avec les nouveaux outils qui ne manqueront pas d'émerger.

Savoir que l'on a fait sa part, et que l'on a été jusqu'au bout et passer la main, cela me plairait beaucoup.



05/06/2015

E comme... Ecrasé ! #Challenge AZ

1826-1902
Je vous présente aujourd'hui un brave Monsieur, sérieux,  travailleur qui a réussi a se hisser petit à petit dans l'échelle sociale jusqu'à être à la tête d'une respectable maison en tant que tailleur militaire.
Je savais déjà beaucoup de choses sur lui, comme par exemple qu'il avait demandé à ses 5 filles encore très jeunes de participer aux barricades en jetant leurs matelas de poupées par les fenêtres... les débuts d'une éducation féministe! 

Mais encore une fois en lançant ma ligne dans l'océan du net, j'ai ramené deux petites brèves qui viennent m'aider à partager encore un peu plus le quotidien de Bernard Lussan.



Nous le retrouvons donc, âgé de 73 ans, traversant tranquillement la rue du Louvre, proche de chez lui lorsque soudainement une ambulance ne l'ayant peut être pas remarqué lui fonce dessus !!

Sce : http://www.attelage-patrimoine.com

Le brancard (celui du cheval, pas du blessé, je suppose!) lui tape la tête et les roues passent sur ses jambes (qu'il devait quand même avoir solides pour son âge!). Coup de chance, c'est une ambulance, on peut donc le soigner, mais il choisit après quelques soins de rentrer chez lui... forte tête ou crane solide, nous n'en saurons pas plus, mais une petite inquiétude nous assaille, n'aurait-il pas du aller consulter, on ne sait jamais, il pourrait y avoir une hémorragie interne???

La Justice - 13 février 1899
Je vous rassure, il s'est probablement assez bien remis de ses blessures, puisque c'est 3 ans plus tard que l'on apprend la triste nouvelle, Monsieur Bernard Lussan est parti rejoindre ses aïeux. La nécro ci-dessous extraite d'une parution de la franc-maçonnerie a une certaine saveur.

Le Progrès Spirite - 5 novembre 1902
Je la recopie ici au cas où l'image serait peu lisible :

M. Bernard Lussan, ancien et dévoué spirite, s'est désincarné le 16 octobre dernier, en son domicile, rue de Richelieu, 21, à Paris. Il était âgé de 76 ans.
Homme réfléchi, de bon conseil, tendre aux malheureux, notre F.E.C. part, laissant une tâche bien remplie. Il croyait encore, il est vrai, à la nécessité des cérémonies d'un culte, et son cercueil a été entouré des pompes officielles de l'Eglise. Mais son âme était avec ceux de ses amis qui priaient du coeur et non des lèvres. Nous lui disons affectueusement : Au revoir!






04/06/2015

D comme... Débroussailler le pied de l'arbre #Challenge AZ


Le virus de la généalogie m'a frappée très tôt. J'avais12 ans et une prof d'histoire/géo pensant sans doute nous intéresser aux aventures du passé nous a proposé de préparer nos arbres généalogiques... Je l'en remercie ! Après quelques questions à ma grand-mère, j'ai maladroitement dessiné un arbre regroupant les infos que j'avais pu obtenir. Je me suis vite aperçue de la difficulté de dessiner un arbre généalogique à main levée !!!
Voilà, c'était trop tard, j'avais mis le doigt dans l'engrenage. C'est donc avec une passion toujours renouvelée que je me plonge régulièrement dans mes dossiers.

Le temps passant, un point m'inquiète : toutes ces heures (délicieuses certes) passées le nez collé aux registres ou à l'écran, ces petites infos soigneusement intégrées, ces documents précieusement numérisés, que deviendront-ils ?


QUE DEVIENDRONT NOS DONNEES ?

Même si je n'ai qu'une petite quarantaine, que se passera-t-il le jour où j'aurai rejoint tous ceux qui me font coucou dans leurs petites cases bien alignées ?
Quelqu'un saurait-il s'y retrouver dans mes petites affaires? Penserait-on seulement à les préserver pour les générations à venir?

En fait mon arbre n'est pas un beau chêne érigé au milieu d'un jardin bien entretenu, c'est une sorte de gros buisson perdu au milieu d'une lande inextricable... En mon absence, il faudrait beaucoup d'abnégation pour tout remettre en ordre.

D'où la nécessité de débroussailler !

Et je suppose que je ne suis pas la seule dans ce cas. Nos dossiers, même bien archivés et organisés ne « parlent » pas aux néophytes.
  • Qui saura ouvrir votre dossier généalogie et utiliser votre logiciel préféré pour en extraire le gedcom ?
  • Qui trouvera dans vos dossiers les documents importants et ceux qui ne sont que des ébauches ?
  • Le cousin éloigné qui souhaiterait faire des recherches saura-t-il seulement que vous les aviez commencées et même bien avancées ?
  • Vos infos dument sauvegardées seront-elles encore lisibles quand ce cousin découvrira leur existence 15 ans ou 20 ans plus tard (dans le meilleur des cas) ?

J'ai moi-même eu la chance de bénéficier du travail acharné d'une grand-tante. J'ai reçu des mains de son fils des photocopies des beaux arbres qu'elle avait réalisé et cela 20 ou 30 ans après qu'elle les ait tracés.



REPERER LES ELEMENTS ESSENTIELS

La plupart des généalogistes utilisent les outils suivants :
  • Logiciel sur leur ordinateur
  • Indexation en ligne
  • Sauvegardes de leur gedcom
  • Arbres papier
  • Fiches ou dossiers individuels ou familiaux
  • Dossiers ou boites de photos anciennes
  • Dossiers ou boites de documents
  • Et tout un tas de carnets, feuilles volantes, sous-dossiers informatiques...

Afin de pouvoir préserver et diffuser le résultat de nos recherches, il importe d'extraire l'essentiel. On ne peut en effet dupliquer l'ensemble de nos cartons, boîtes, carnets, gribouillis...

Le choix des éléments essentiels sera propre à chacun, mais je vais essayer de proposer quelques éléments et la façon qui me semble la meilleure pour les mettre en place.

Eléments à protéger et diffuser :
  • Documents sources : actes d'état-civil, notariés, références des sources...
  • Photos : scan des photos anciennes, cartes postales, images prises lors de déplacements.
  • Gedcom
  • Arbres et/ou listes

Supports :
  • Disque dur externe : (disque de sauvegarde pour cas de panne d'ordi), permet de sauvegarder régulièrement nos données. Un second exemplaire déposé chez un ami ou un membre de la famille à compléter 2 fois par an n'est pas inutile. (Sinon stocker sur le cloud).
  • Cloud : stockage en ligne... discutable (ya les pour : pratique, rapide ; et les contre : on sait pas où ça va et ça peut disparaître d'un coup comme megaupload)... on n'en discutera pas ici.
  • Clé usb : uniquement pour emporter des données en déplacement, fragile et inadaptée au stockage de long-terme.
  • CD Rom : Support de sauvegarde peu coûteux, facile à dupliquer et à distribuer autour de soi. Mais durée de vie limitée !
  • Arbre papier général  : joli, parfois encombrant, mais son inconvénient est surtout de comporter peu d'infos en général.
  • Arbres papier partiels : mon péché mignon, sur 5 générations, mais mêmes inconvénients que les grands.
  • Albums imprimés : aujourd'hui de nombreux sites proposent ce service à partir de pdf par exemple, l'avantage est la durée de vie du livre.
  • Blogs : pratique pour diffuser, mais sur la durée...


DUREE DE VIE DES PRINCIPAUX SUPPORTS

Le numérique présente de nombreux avantages duplication facile, immédiate et gratuite, mais il est également lié à un risque inhérent à la durée de vie du support, mais aussi de la machine nécessaire à sa lecture.

Je me souviens d'un article de magazine où l'auteur expliquait avoir sauvé in extremis le manuscrit (tapuscrit en l'occurrence!) d'un livre qu'il avait écrit plusieurs années auparavant... et sauvegardé sur disquettes 5 pouces... les grandes disquettes... non vous ne vous en souvenez pas, c'est normal !

Cette semaine j'ai écouté une émission de radio au cours de laquelle un invité parlait de la restauration du premier film des frères Lumière. Il mentionnait justement que ce travail n'avait été possible que grâce au fait que le support film se conserve bien, qu'il avait pu être transféré en numérique pour le retravailler. La conversation a rebondit sur le fait que certains cinéastes décident aujourd'hui à l'inverse de recopier leurs œuvres (conservées sous forme numérique) sur des films pour en assurer la pérennité. C'est aussi le cas de l'obligation de dépôt de film au CNC, même ceux tournés en numérique doivent être fournis en pellicule 35 mm.


Support
Durée de vie
Taille
CD Rom
5 ans
680 Mo soit 0,7 Go
DVD
10 ans
4,7 Go
Disque dur externe
10 à 30 ans
Jusqu'à 2 To

Vous pouvez consulter ici une infographie tout à fait parlante des différents supports. Inutile de parler anglais, la ligne vert foncé est la durée de vie en usage, la ligne vert clair, la durée de vie si on les conserve dans un lieu approprié et qu'on n'y touche pas.

Mais ces calculs n'incluent pas le fait de ne pas trouver de machine dans quelques années qui puisse faire fonctionner votre matériel... qui possède encore un lecteur de disquettes ???


LA SOLUTION QUE J'ENVISAGE

Bien sur les solutions numériques, nous les utilisons tous, mais il me semble nécessaire de passer par le papier pour assurer l'avenir de nos ancêtres ;-)

L'impression d'un ou plusieurs livres (par branche par exemple) comprenant mes listes d'ascendance détaillées et intégrant photos de famille et actes principaux. Un chapitre spécial permettra de fournir toute info complémentaire comme l'adresse d'un blog ou de la page geneanet, des conseils pour comprendre le mode de classement de nos dossiers, etc... A ce livre pourra être joint à la demande un dvd regroupant images numériques importantes et gedcom.

Attention, il ne s'agit pas d'une monographie familiale, le but n'est pas que ce soit beau ou joliment rédigé, c'est uniquement une sauvegarde. Le but est de pouvoir regrouper en un document facile à partager et pérenne l'ensemble de mes données.
Pour la réalisation, on pourra utiliser comme point de départ par exemple un pdf de notre liste d'ascendance que l'on peut imprimer à partir de notre arbre indexé sur généanet.
Ou bien utiliser le logiciel genopress qui est payant mais semble intéressant et réutilisable ensuite pour rédiger un vrai livre de famille.



Pour l'impression, mes chouchous sont les sites Blurb et Lulu qui présentent un rapport qualité prix qui me semble intéressant. L'usage du pdf chez Lulu est particulièrement aisé.

Le livre peut ensuite être commandé directement sur le site par les membres de votre famille à qui vous en donnez le lien. Dans ce cas, si vous souhaitez leur transmettre votre gedcom, il vous faudra le faire par mail ou en leur envoyant un CD. On peut aussi imprimer le livre en pdf... mais là on revient au point de départ;-)

Chez Blurb un livre de 400 pages en couleur format 15x23 est à 19€
Chez Blurb un livre de 400 pages en n&;b format 15x23 est à 6€
Chez Lulu un livre de 400 pages en n&b format 14x22 est à 6€


Je serais intéressée de connaître vos solutions personnelles, si vous avez le temps de me laisser un petit message.


Sources sur les films
Expo Frères Lumière : ici
La conservation du patrimoine cinématographique : ici


Sources pour l'impression des livres
www.genopress.com
www.blurb.fr
www.lulu.com/fr/

03/06/2015

C comme... Collégien ira loin #Challenge AZ

 Un petit essai de recherches sur Gallica à partir d'un nom, celui de mon grand-père maternel Xavier Avazeri. La moisson est amusante. En tant que parent, on s'inquiète parfois des frasques de nos jeunes, voyons comment va tourner celui-ci...




Rapports et délibérations – Aube, conseil général

Séance du 24 août 1921

Lycée de Troyes – Attribution de bourses
A Avazeri, Fernand, fils de Mathieu, Avazeri, expéditionnaire des postes à Troyes, externe surveillé de 4ème …...............................100-


Séance du 24 août 1922

Lycée de Troyes, tableau d'honneur
Les notes d'étude et de conduite des jeunes gens, boursiers départementaux, sont bonnes pour la majorité […] Elles laissent cependant à désirer pour les élèves Avazeri, Mothré et Bournelle. Pour ces derniers, nous estimons qu'ils doivent faire les efforts nécessaires pour continuer de mériter la sollicitude du Conseil général et qu'il y a lieu d'en aviser les familles afin d'attirer leur attention sur le travail de leurs enfants, dont les études sont subventionnées, à la condition que leurs efforts répondent aux sacrifices consentis par l'Assemblée départementale.


Bon, il va falloir se ressaisir. Il est drôle de constater qu'est employé ici le second prénom de Xavier-Fernand.


Nous le retrouvons âgé de 19 ans dans un article du journal « Le Gaulois » du 23 décembre 1928
Entrefilet qui sera repris par plusieurs journaux (L'Ouest Eclair, Le Populaire, …) comme quoi ce n'est pas d'aujourd'hui qu'ils racontent tous la même chose !


Les manifestations d'Action Française devant la 12è chambre

Devant la 12è chambre correctionnelle comparaissait hier M. Xavier Avazeri, étudiant en sciences, arrêté jeudi soir, rue St André des Arts à la sortie de l'Institut d'Action Française et trouvé porteur d'un révolver.
Encore que M. Avazeri ne fut poursuivi pour aucune violence et simplement pour port d'arme prohibée, il a été condamné à huit jours de prison, sans sursis.


Son cas semble s'aggraver, mais je vous rassure, la suite a montré que l'exubérance de la jeunesse n'empêche pas de mener une vie respectable. Cet étudiant « en sciences » (il s'agissait en fait de sciences politiques) est devenu avocat au barreau de Paris (malgré cette peine de prison), s'est marié, a eu 3 enfants et a poursuivi parallèlement une carrière militaire qui l'a mené jusqu'en Indochine... mais la suite sera pour une autre occasion.

En attendant, quand vos enfants ramènent un bulletin scolaire moyen ou font quelques bêtises, détendez-vous et pensez à mon Sosa 6 !!

(Si je remets la main sur qq autres photos, je les ajouterai dans les jours qui suivent, soyez indulgents).


02/06/2015

B comme... Bras à louer, journaliers #Challenge AZ




Dans les généalogies comme la mienne, ils forment le gros des troupes, bataillant au quotidien pour gagner leur pain (au sens propre), menacés par les famines, la disette, on les trouve au détour de nombreux actes. On les distingue par un simple mot qui à lui seul est la trace d'une vie de lutte et de misère : Journalier.




Concours de fauchage - Sce : lamontagne.fr


LE TRAVAIL DU JOURNALIER



Ils ont été employés tant à la ville que dans les campagnes, pour réaliser toute tâche nécessitant des bras, on les appelait aussi « gens de peine », « manouvrier » ou « laboureur à bras », ce dernier terme étant assez représentatif de ces personnes qui ne possédant rien n'avaient que leurs bras à louer dans l'espoir d'en tirer quelques subsides.



Parmi mes ancêtres, "mes" journaliers vivaient principalement dans les campagnes où ils représentaient 60% de la paysannerie. On distinguait, pour faire simple, trois catégories de paysans :

  • Le journalier qui ne possède d'outil que ses bras et selon les périodes et les régions vit dans une indigence proche de celle des mendiants.
  • Le laboureur qui a un train de labour et quelques têtes de bétail. Son niveau de vie varie beaucoup de l'un à l'autre, pouvant parfois être presque aussi pauvre qu'un journalier, il lui arrive d'être aisé.
  • Le fermier qui est un gros exploitant, proche du notable.



Le journalier est celui qui pouvait travailler chaque jour 5000m2 de terre. Il intervenait où il fallait de la main d'oeuvre : semailles, labours, moisson, battage, fauchage, charbonnage, épandage de fumier, ... on devait aussi botter, vendanger et rentrer les récoltes.



Fauchage d'une parcelle - Sce : FAO



Le travail s'il était dur était surtout incertain car variant selon les saisons, selon la météo, selon les capacités de la personne...

Les ressources « amassées » pendant les moissons par exemple devaient permettre de traverser l'hiver pendant lequel on ne trouverait pas d'embauche.



Possédant parfois une masure et un lopin de terre, il pouvait faire pousser quelques légumes comme des raves




LE PRIX DU PAIN ET DES CEREALES



Leur rémunération consistait ensuite généralement pour partie en nature : céréales, pain… (on pouvait ainsi être payé en pourcentage du nombre de gerbes faites) auxquelles pouvaient s'ajouter quelques rares piécettes ou unes remise de dettes.



Prenons un exemple entre 1700 et 1750 :

(Ce court article ne se veut pas une référence chiffrée mais juste un rapide coup d'oeil. En la matière, vous trouverez d'excellents ouvrages spécialisés).

Un pain de 4 livres coûtait entre 8 et 12 sous selon la réussite des récoltes et on en mangeait environ 800g par jour et par personne (enfants compris).

Pour un couple avec 2 enfants, il fallait donc entre 30 et 40 sous par jour juste pour le pain.

Et un journalier était payé entre 8 et 10 sous, 5 sous pour une femme, 3 sous pour un enfant...


Autre exemple un siècle plus tard (1800-1810) :

Notre journalier gagne environ 1,70 franc et trouvera du pain à 30 centimes.


Mali - avenirsanspetrole.org



JOURNALIER : UN GAGNE-PAIN PEU LUCRATIF


Pour un journalier dans la force de l'âge et chargé de famille, un étude a calculé qu'il fallait plus de 400 jours de travail par an pour réussir à assurer le gite et le couvert aux siens.... malheureusement pour eux, l'année ne comportait pas 400 jours! Entre les dimanches et fêtes religieuses chômées, les périodes de gel,... le nombre de journées de travail généralement admis pour les journaliers du secteur agricole est d'environ 250.

Le corollaire de cela : l'obligation pour l'épouse et les enfants de travailler eux aussi. Mais les femmes n'étaient payés que la moitié de ce que gagnaient les hommes, quant aux enfants, cela dépendait de l'âge et de la tâche.

Dans ces conditions, le décès ou la maladie du chef de famille lorsque les enfants étaient encore en bas âge conduisait inévitablement à une situation dramatique.



Penjab - Pakistan




Que le travail soit dur était certain mais ces familles étaient accoutumées à la rudesse. Ce qui rendait l'existence encore plus compliquée étaient les variations du prix du pain.

L'espoir de pouvoir mettre de côté pour gagner mieux était faible, on rencontre cependant parfois au hasard des actes un ancêtre journalier qui devient laboureur... peut-être a-t-il finalement réussi à économiser les quelques piécettes gagnées, peut-être a-t-il gravit l'échelle sociale au hasard d'un mariage... un petit tour dans les archives notariales nous en dira parfois plus.





Sce : Association Arbre de vie


Si leur quotidien semble difficile à visualiser depuis nos maisons chauffées et nos tables bien fournies, j'ai voulu pour cet article utiliser uniquement des images actuelles, car ces dures journées de labeur qui ne suffisent pas à nourrir ou à soigner les siens, cette existence dure et parfois injuste quand une simple année difficile suffit à voir les rations diminuer, ce que vivaient nos ancêtres saison après saison est toujours aujourd'hui le mode de subsistance de nombreuses familles à travers le monde.






- Sources sur les métiers :

Les métiers d’autrefois - Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Ed. Archives et Culture



- Source sur les rémunérations et dépenses :

La valeur des biens, niveaux de vie et de fortune - Thierry Sabot, Ed. Thisa

De l'indigence à la très modeste aisance? Les journaliers de Normandie occidentale au XIXe siècle - Gabriel Désert, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/annor_0003-4134_1996_num_46_3_4735 

- Sources sur le fauchage




01/06/2015

A comme... Autour du monde par le Cap-Horn #Challenge az

Les hasards d'internet font parfois bien les choses, il y a quelques années, me promenant sur la piste de Joseph-Marie Guillam et après avoir lu la mention d'un embarquement sur un acte, je me mis à rechercher des infos à propos du bateau sur lequel il avait navigué dont j'avais le nom : BIESSARD et le parcours effectué. Et là! Oh! chance, je tombe par hasard sur le rôle d'équipage qui était mis en ligne dans le cadre de l'expo d'un musée de Bordeaux.


J'aurais voulu joindre à cet article les données précises que j'avais recueillies, malheureusement, suite à déménagement, tous mes cartons ne sont pas encore accessibles. Nous devrons donc nous contenter pour l'instant de l'histoire de ces hommes aventureux sans plus de précision sur les dates exactes concernant l'ancêtre de ma fille, puisqu'il s'agit de son sosa 16.



Le trois-mâts barque BIESSARD



Pour résumer, Joseph-Marie avait trouvé un embarquement à bord de BIESSARD, l'un des grands voiliers qui partis de France passaient le Cap Horn pour s'arrêter au Chili puis en Nouvelle-Calédonie afin de rentrer les cales pleines de minerais. 


A BORD


On ne remonte pas très loin dans le temps : à peine au début du siècle dernier, mais il s'agit d'une vie extrême que nombre de ces hommes avaient choisie, recherchée car malgré les risques, malgré les difficiles conditions de vie, ils étaient appelés par la mer.



On s'imagine des hommes durs, des baroudeurs ...bien sur, au bout de quelques années, ils étaient endurcis, mais pour beaucoup le premier embarquement avait lieu lorsqu'ils étaient encore tous jeunes vers 12 ou 14 ans et si l'on voit souvent sur les images de vaillants barbus, ils n'ont généralement pas plus de 30 ans, mais la rude vie du bord les a buriné.



Concernant Joseph Marie, son voyage à bord de Biessard l'emmenait faire le tour du monde. Partis de France, ils faisaient un aller retour vers l'Angleterre pour charger les cales de charbon avant de s'embarquer pour des mois à destination du Chili où ils devaient prendre en charge une cargaison de salpêtre.


LE PASSAGE DU CAP HORN


Mais avant d'atteindre le Chili, la partie la plus risquée du voyage se dressait devant eux : le passage du Cap Horn. Les conditions de navigation devenaient plus en plus ardues. Il n'était pas rare qu'au cours des manoeuvres plusieurs hommes soient emportés par une lame qui les jetaient à la mer. La température baissait et les vagues qui se fracassaient sur le pont gelaient jusqu'à transformer hommes et navire en statues de glace.




Il ne fallait pas moins d'une quinzaine de jours à ces voiliers pour réussir à passer le Cap Horn après d'innombrables et dangereuses manœuvres.




Sur Biessard, lors de la circumnavigation à laquelle prit part Joseph Marie, le capitaine était un homme réputé pour sa justesse et qui souhaitait voir ses hommes correctement nourris, on embarquait à bord de la basse cour vivante et des porcs. Le capitaine demandait aussi à ce qu'un poêle reste allumé afin que les hommes puissent se réchauffer sous ces latitudes. Tous n'avaient pas cette largesse.


IQUIQUE

Après avoir vaincu le Cap Dur (surnom donné au Cap Horn pour ses dangers), les marins remontaient l'Amérique du Sud jusqu'à Iquique au Chili : port spécialisé dans le salpêtre
Les régions d'Antofagasta, Iquique et Tocopilla étaient les lieux principaux de ramassage du salpêtre dont l'utilité principale était de servir pour la fabrication de la poudre à canon même s'il était aussi utilisé dans l'agriculture. On peut encore voir aujourd'hui les ruines des installations abandonnées au désert.

Au début du Xxème siècle, la ville d'Iquique était très animée et dans la rade venaient mouiller les nombreux grands voiliers qui transportaient le minerais.

Pour autant, la plupart des matelots ne descendaient pas du navire au cours du voyage. Les navires mouillaient dans la rade et le minerais était apporté et chargé sans qu'il aient à descendre à terre.



Iquique

 
THIO, PORT DU NICKEL


Quittant les côtes du Chili, les marins mettaient alors le cap vers une petite terre du bout du monde : La Nouvelle-Calédonie, le port de Thio et son nickel.



Même si on est loin des périls du Cap Horn, le danger reste présent lors des manœuvres de ces géants des mers. Quelques années avant le voyage de Joseph-Marie, on trouve trace d'un incident :


Nouméa, 8 novembre 1906, Un navire sur la barrière de corail.

Le navire français Biessard, chargé avec 300 tonnes de minerai de chrome, a tapé et s'est échoué sur la barrière de corail en quittant Plum. Le paquebot français St Antoine a procédé à l'assistance du navire, et a tenté de la remorquer, mais a échoué. Le navire a fini par se remettre à flôt de lui-même à marée haute, et fait route pour Noumea, où il sera examiné par un plongeur. Le Biessard est un navire de 2253 tonnes, commandé par le capitaine Rault. Il est construit en acier, et a été lancé en 1900. Il est détenu par une société française, et son port d'immatriculation est Rouen.





Contrairement aux villes du salpêtre qui furent abandonnés lorsque l'on trouva de quoi remplacer cette matière première, à Thio l'extraction du nickel se poursuit sans discontinuer depuis 1880



A partir de 1906, à Thio, le téléphérique apporte le minerai au transbordeur où est amarré un trois-mâts (coll. M. Gouge paru dans Marc Métayer, Les voiliers du nickel, Alan Sutton, 2003).






LE LONG CHEMIN DU RETOUR

Puis quittant la Nouvelle-Calédonie chargés à ras bord, les bateaux s'en retournaient par un bien long chemin océanique vers la France. Il ne fallait en effet pas moins de 6 mois voire plus pour boucler la boucle.

Le trajet des voiliers du nickel - Extrait du livre : "Hommes et Navires au Cap-Horn" de Jean Randier



Pour Joseph-Marie, ce fut un voyage parmi d'autres rempli de péripéties dont les aventures racontées lors de trop rares retours au pays venaient exciter la quiétude d'une petite maison du Morbihan.



Quand à Biessard, le vaillant trois-mats barque, il disparut en mars 1914, probablement au large du Cap Lizard (pointe Sud-Ouest de l'Angleterre) lors d'une tempête d'équinoxe. Après le première guerre mondiale, l'accélération des progrès techniques et le moteur à vapeur ont achevé de signer l'arrêt de mort des derniers grands voiliers du nickel





Sources sur le salpêtre :


Sources sur Thio :


Sources sur le Cap-Horn :